L’étau se resserre sur la serre…
Nous étions 200 personnes réunies spontanément autour de la Serre Equatoriale du Jardin des Plantes de Lille, pour protester contre la décision subite de fermeture définitive de cet outil de conservation d’une collection de 200 espèces plantes exotiques, provenant des cinq continents.
Pour présenter ce lieu étonnant, Lille Addict titre son article : « Comme un air d’Amazonie : la serre équatoriale du jardin des plantes de Lille »
Il en rappelle l’histoire, liée à l’industrie textile : les bateaux qui ramenaient des quatre coins du monde des ballots de fibres pour l’industrie transportaient également des spécimens de plantes exotiques, donnant naissance à plusieurs serres dans la ville, l’ensemble de ces collections étant rassemblées dans un lieu unique, la serre équatoriale du jardin des plantes, construite sur décision du Maire Augustin Laurent et inaugurée en 1970.
Ce bâtiment est l’oeuvre de l’architecte Jean-Pierre Secq, né à Lille en 1923, représentant du mouvement architectural dit « brutaliste ». On lui doit également l’aéroport de Lille-Lesquin, les bureaux de la Caisse Primaire d'Assurance Maladie, rue d'Iéna à Lille, ou encore ceux de la Société des Eaux du Nord.
Lille Addict indique que « Jean-Pierre Secq a imaginé une serre à étage, unique en son genre, surélevées à huit mètres du sol. Elle reprendrait la forme d’une fleur, la tige en bas et l’étage représentant le haut de la fleur avec ses pétales. Cette serre, c’est 1 200m2 dans lesquels sont réparties plus de 200 espèces ». D’où le soutien de la Société Botanique de France au mouvement de protestation « Sauvons la serre » animé par l'association « Les Amis du jardin des plantes » et par « Renaissance du Lille Ancien ».
Il y a donc un double enjeu dans cette affaire
Un enjeu botanique : la conservation de collections uniques de plantes, et leur présentation au grand public, notamment aux jeunes scolaires qui y découvraient jusqu'à cette année des plantes du vaste monde, dans leur diversité et leur originalité.
Un enjeu architectural que souligne l’association « Docomomo France (L’association Docomomo France pour la DOcumentation et la COnservation des édifices et sites du MOuvement Moderne, créée en 1991, rassemble des personnes d’horizons variés : historiens, architectes, étudiants, enseignants, professionnels du patrimoine, citoyens et, toutes personnes animées par leur engagement pour la valorisation et la protection de l’architecture, de l’urbanisme et des paysages du XXe siècle).
Sous la plume d’Alice Le Disert, elle écrit « Construite par l'architecte lillois Jean-Pierre Secq entre 1968 et 1970, la serre équatoriale est située dans le jardin des plantes de Lille. Elle est constituée par un socle en béton armé reposant sur trois piliers, et d'une charpente métallique revêtue de polyglass. Sa conception s'inscrit dans les recherches de l'art cinétique de l'époque, et son expression formelle repose sur l'assemblage de volumes aux géométries complexes. Sa configuration est ainsi peu commune pour le programme d’une serre. Inquiète par son état actuel et son devenir, Docomomo France a formulé une demande de protection au titre des Monuments historiques auprès de la Direction régionale des Affaires culturelles des Hauts-de-France en 2021. En septembre 2022, est annoncée la fermeture définitive de la serre équatoriale par la Ville de Lille ». D’où la revendication du collectif « Sauvons la serre », qui rassemble autour des « Amis du jardin des plantes » « La Renaissance du Lille Ancien » et la « Société botanique de France ».
Lille au Cœur, présent au rassemblement du dimanche 16 octobre devant l'entrée de la serre, s’associe tout naturellement à ce mouvement citoyen.
Il s’agit d’obtenir une rénovation de ce bâtiment pour qu’il soit moins énergivore, mais qu’il demeure « la serre équatoriale du jardin des plantes de Lille », puisqu’il a été conçu et réalisé pour cela et qu’aucun projet n’existe pour un autre usage par la Municipalité, autre usage qui, en tout état de cause, exigerait des travaux de mise aux normes énergétiques.
La pétition lancée par ce collectif a déjà recueilli près de 5 000 signatures !
Le risque est grand de voir cette décision autocratique municipale aboutir à la dispersion de collections botaniques uniques en leur genre et à la constitution d’une friche municipale, un bâtiment inoccupé se dégradant rapidement. Il faut aller vite pour revenir sur cet oukase avant que l’irrémédiable ne se produise par le saccage des plantes hébergées par la serre.
Lilloises, Lillois, mobilisons-nous, ne laissons pas faire ça !
Passage vidéo du rassemblement du 16 octobre 2022 :
C'est un très bon article pour un bien triste résultat de 20 ans de lâcheté politique..... Bien à vous, JP Hautecoeur
Très b ien !